Vous avez été élu Président de l’UIMM MP-Occitanie le 12 juin. Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Didier Katzenmayer : Natif des Hautes-Pyrénées, je suis ingénieur diplômé de l’École Nationale Supérieure d'Électrotechnique, Électronique, Informatique, Hydraulique et Télécommunications de Toulouse (Enseeiht) et médiateur certifié par le Centre de Médiation d’Arbitrage de Paris (CMAP) et l’ESCP Europe Business School.
J’ai démarré ma carrière professionnelle en 1999 chez Aerospatiale Matra Airbus au sein du bureau d’études dans le Département Architectures Électriques, Hydraulique et Commandes de vol. Puis de 2000 à 2010, j’occupe successivement plusieurs postes dans les domaines de l’ingénierie, de la gestion de projet puis des achats et approvisionnements sur l’ensemble des programmes avions civils et militaires pour la Direction « Avionics & Simulation Products » chez Airbus France.
C’est en 2010 que je prends la responsabilité de la Consolidation et Structuration de la Filière industrielle Aéronautique pour Airbus SAS. Puis à compter du 1er janvier 2013, je prends la Direction des Affaires Industrielles au sein d’Airbus Opérations SAS et en 2016, je suis nommé Médiateur pour le groupe Airbus SAS. En plus de ces 2 missions, j’assiste la Présidence d’Airbus Opérations SAS depuis le 1er février 2023 au niveau du secrétariat général.
Notre région fait partie des rares territoires français à ne pas s’être désindustrialisé. Quel regard portez-vous sur la situation de la filière industrielle d’Occitanie ? Et sur la palette d’expertises qui sont les siennes : l’Aerospace bien sûr mais également le nucléaire à l’extrême Est de la région, la filière hydrogène en cours de structuration au Sud notamment, le bassin d’Alès (deuxième bassin industriel d’Occitanie…) ?
DK : Il est exact que, dans le paysage industriel de notre région, le poids historique de l’aéronautique et du spatial peut parfois faire oublier à certains la palette de compétences que nous retrouvons en Occitanie. Peu de territoires peuvent se prévaloir d’avoir la présence de trois avionneurs (Airbus, ATR et Daher) auxquels s’ajoutent de nouveaux entrants, prometteurs et positionnés sur l’aviation légère, à l’image d’Aura Aero, Ascendance Flight Technologies… L’ouest de l’Occitanie, pour schématiser l’ex Midi-Pyrénées, a également une compétence affirmée dans les systèmes embarqués, ce qui lui permet d’adresser les secteurs de l’automobile et du ferroviaire. Le pôle de compétitivité Aerospace Valley en est la parfaite illustration dans son animation puisqu’il réunit cette triple compétence aéronautique, spatial et systèmes embarqués.
L’est de l’Occitanie est, quant à lui, positionné sur d’autres secteurs comme le nucléaire dans le Gard rhodanien, des activités fortes en R&D Ingénierie de la santé à Montpellier, sans oublier les futures filières industrielles liées à l’énergie décarbonée (l’hydrogène à Béziers, l’éolien en mer dans l’Aude, etc..).
Mentionnons également le cluster Mecanic Vallée au carrefour de l’Occitanie, l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Nouvelle-Aquitaine. À travers ce rapide panorama, l’industrie en Occitanie se caractérise par sa diversité, sa polyvalence et ses complémentarités. Un formidable moteur de croissance et il est bon de rappeler qu’un emploi dans l’industrie génère 3 emplois dans les services.
Quelle feuille de route pour votre mandat à la tête de l’UIMM MP-Occitanie ?
DK : Avant d’évoquer cette feuille de route, je tiens à rendre hommage à Bruno Bergoend, Président de l’UIMM MP-Occitanie depuis 2015. Lors de sa prise de parole à l’occasion de l’Assemblée Générale, Bruno a déclaré « Neuf ans de présidence, ça marque un peu ! ». Pour avoir été à ses côtés comme Vice-Président depuis 2021, je ne peux aller que dans son sens et j’ai pu prendre toute la mesure de son engagement, du temps et de l’énergie qu’il a déployés et mis au service de notre filière, de ses emplois, de l’attractivité de nos métiers… Présent, Éric Trappier, Président de l’UIMM, a d’ailleurs souligné chaleureusement « l'engagement et le militantisme » de Bruno Bergoend, qui devient Président d’Honneur de notre branche professionnelle.
Concernant notre feuille de route, elle a été construite avec conviction, pragmatisme, lucidité au regard de la situation, humilité et surtout avec un réel esprit d’équipe. Dans un contexte géopolitique tendu et alors même que les entreprises font face à l’augmentation des coûts énergétiques, à une inflation qui reste soutenue, à la hausse des taux d'intérêt et aux difficultés de financement post-PGE. Les priorités du mandat se concentrent sur trois axes stratégiques : conforter les atouts de notre territoire et être en support des futures filières industrielles comme l’hydrogène ; agir pour la compétitivité des entreprises ; puis attirer des femmes et des hommes dans l’industrie pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre.
Nous devons garder une vision industrielle d’ensemble pour aider toutes les entreprises de la TPE (Très Petite Entreprise) à l’ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire). Les présidents d'antennes devront être au plus près des territoires, garder cette proximité sachant que 80 % de nos adhérents sont des PME (Petite et Moyenne Entreprise). Nous devons renforcer encore plus notre maillage territorial.
À l’heure de ce début de réindustrialisation, les territoires sont en concurrence entre eux pour accueillir des projets d’investissements industriels. Comment l’Occitanie peut-elle encore mieux valoriser ses atouts ?
DK : Si l’on met de côté l’Île-de-France, l’Occitanie est connue et reconnue pour la qualité de ses formations académiques générales et techniques, aussi bien sur des métiers de « col bleu » que de « col blanc ». Et le lien entre formation initiale / continue et l’industrie est fondamental pour préparer les futures ruptures technologiques, notamment dans le cadre de la décarbonation et des systèmes intelligents.
Le niveau d’excellence de nos laboratoires (post-Doc) qui, sur des métiers comme les systèmes embarqués, l’informatique industrielle ou encore l’intelligence artificielle, nous permet d’asseoir notre positionnement en France et à l’international. Complémentarité également entre formations business et technique à l’image des parcours croisés avec des établissements tels que TBS, TSM, MBS…
Le fait que notre région se soit positionnée avec quelques donneurs d’ordres significatifs sur des technologies de rupture, à l’image de l’hydrogène sur les activités terrestres (automobile et ferroviaire), aéronautiques et maritimes, permet d’attirer des investisseurs et des industriels désireux d’être au plus près de centres de décision. Nous devons continuer à travailler collectivement pour conforter nos savoir-faire.
En dehors de ce mandat, vous êtes engagé de longue date dans différentes instances au service du développement économique. Pouvez-vous nous dire un mot de cet/ces engagement(s) ?
DK : Effectivement, j’ai toujours eu la volonté de contribuer positivement au développement économique de notre territoire. Les questions de souveraineté industrielle et de performance opérationnelle sont essentielles et c’est bien à ce titre que je suis et reste engagé.
Membre du Collège des Médiateurs du Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales (GIFAS), je représente cette instance en Occitanie et suis également impliqué au Conseil Économique, Social et Environnemental Régional (CESER), au pôle de compétitivité Aerospace Valley. Aux côtés des services de l’État et de la Région, nous copilotons le Comité Stratégique Filière Régional (CSFR) Aéronautique en Occitanie.
En tant qu’élu de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Toulouse Haute-Garonne et celle d’Occitanie, j’ai eu le plaisir de présider ces dernières années les Commissions Industrie de ces 2 instances.
Quand il n’est pas au service de l’industrie, qu’est-ce que Didier Katzenmayer aime faire de son temps libre ?
DK : Partager mon temps avec les miens, mon épouse et mes trois enfants. Regarder un match de rugby et puis faire des choses simples comme son marché… Je prends également beaucoup de plaisir à bricoler, activité qui permet de se déconnecter du quotidien et de prendre du recul.