C’est pour sa cimenterie de Martres-Tolosane, près de Toulouse, que Lafarge a conçu le projet pilote CarboClearTech, subventionné par l’Union Européenne. Plus de 200 millions d’euros seront investis pour créer un système de captage du CO2. Dès 2031, le gaz pourra être séquestré par enfouissement, le temps de développer des partenariats pour sa réutilisation.
« À terme, nous espérons transformer le CO2 en carburant de synthèse ou d’autres applications », ajoute Xavier Brulé, directeur de l’usine. Le site de 130 salariés, qui fournit entre autres le ciment utilisé pour le chantier du métro de Toulouse, accueillera également une plateforme unique au sein du groupe : un véritable banc d’essai industriel pour les acteurs du traitement du CO2, qui pourront y tester leurs innovations à échelle réelle dès l’été 2025.
80 % de combustibles alternatifs en 2026
En Occitanie, en plus de ses 12 carrières, 4 dépôts de granulats et 42 centrales à béton, le groupe compte deux cimenteries à Port-la-Nouvelle (Aude) et Martres-Tolosane. Leur décarbonation est cruciale pour toute la filière : « Le ciment porte 85 % du poids carbone du béton, notamment à cause de son composant principal, le clinker, du calcaire cuit à 1 400 degrés », explique Xavier Brulé. L’industriel travaille parallèlement à réduire le taux de clinker et à le rendre plus vert.
Entre 2018 et 2022, 124 millions d’euros ont été investis pour l’installation d’un nouveau four, entraînant près d’un tiers de baisse des émissions de CO2. « Cela nous a aussi permis de doubler la part des combustibles de substitution » se félicite le directeur, qui ambitionne de réduire encore la part des énergies fossiles à moins de 20 % dès 2026, en privilégiant l’utilisation de biomasse.
Enfin, Lafarge travaille à l’incorporation de béton de démolition, « recyclable à l’infini », pour décarboner le cru, le mélange minéral cuit au four. Grâce à l’activation de ces leviers industriels et au futur captage de ses émissions résiduelles de CO2, estimées à 700 000 tonnes, l’usine de Martres-Tolosane a pour objectif d’atteindre la neutralité carbone. Elle devrait entraîner sa petite sœur de Port-la-Nouvelle sur la même trajectoire.