Ils ont pris, elle aux abords de la cinquantaine, lui, de la soixantaine, ce qu’il convient d’appeler « un tournant dans la vie ». Non loin de Marciac, dans le Gers, elle travaillait dans une administration pendant que lui, pérennisait un élevage bovin issu d’une lignée familiale. Le couple, impliqué dans la vie locale, décide un jour de s’engager davantage dans le tourisme et la convivialité, pour porter plus haut une idée du bien vivre au pays. Déjà, ils vendaient une partie de leur production sur leur exploitation : ils décident de créer un « restaurant à la ferme » pour faire valoir leur viande bovine, d’une part, et plus largement mettre en valeur tout ce que le Gers est capable de produire sainement. « J’ai démissionné de mes fonctions », tranche Béatrice - « Betty » - Villas. L’enjeu est de taille : rénover une grange avec un point de vue, et créer un établissement de bouche. Elle résume : « partir vers l’inconnu ». « Nous n’étions plus sur notre terrain de compétence. Il a fallu se réinventer ». Toutefois, aventurière avisée, Béatrice Villas développe un certain sens de l’à-propos : « dès que nous nous sommes inscrits à la CCI Gers, nous avons été référencés sur une base de données qui nous délivrait régulièrement des informations : j’ai tout lu ». De fait, elle constate que « régulièrement sont proposés des ateliers, des rencontres, des conférences, généralement gratuites, qui permettent de s’informer ». Elle s’y rend : « j’avais tout à apprendre, alors, tout m’intéressait ». Elle suit les « Ateliers » inhérents aux réseaux sociaux, les conférences « Créa-Innovation ». Et, bien sûr, elle fait des rencontres. La CCI Gers suit de près cette adhérente déterminée qui, pour une novice, ose un pari hardi. En 2018, la « Table à la ferme » devient une réalité. « Betty Beef » ouvre ses portes. Philippe Villas, nécessairement, s’occupe de la viande. Béatrice, du reste. Le couple embauche un cuisinier et son second : « des autodidactes, comme nous », glisse-t-elle. Un apprenti vient compléter l’équipe : « si on peut donner sa chance à un jeune… ». L’affaire s’engage bien. La CCI veille : « je reste très près de la Chambre Consulaire, c’est un potentiel-ressource inépuisable », plaide-t-elle. L’établissement obtient le label « Table du Gers » décerné conjointement par la CCI et le CDT, eu égard à ses choix éthiques : « du local et de la qualité ». « Nous sommes ravis de l’expérience, mais le recul nous manque pour l’estimer à sa juste valeur. Le confinement lié à la pandémie a bouleversé notre plan comptable. On ne sait pas où on va, mais on continue parce que notre idée est porteuse pour un territoire rural ». On le devine, Béatrice Villas ne va rien lâcher.