L’AOP Roquefort ne pouvait laisser passer cette date anniversaire et entend célébrer de multiples façons le centenaire de cette distinction d’autant plus vertueuse que les producteurs ont su tenir avec rigueur le cap de l’exigence. Ainsi, s’il n’y a qu’un seul Roquefort, c’est d’abord parce qu’il n’y a qu’un seul lieu en mesure d’assurer sa maturation : une cave naturelle située dans une anfractuosité du Combalou, une montagne qui domine Roquefort-sur-Soulzon, dans l’Aveyron.
Ensuite, seule la brebis de race Lacaune (elles sont 630 000 environ) a le privilège de fournir le lait cru qui donnera le fromage. Enfin, l’aire d’élevage dont on recueille le lait est limitée ; outre l’Aveyron, cinq autres départements sont « autorisés » : l’Aude, le Gard, l’Hérault, la Lozère et le Tarn.
Par-devers la dimension quasi patrimoniale qui allie Histoire, culture, tradition… le Roquefort a également un fort retentissement économique pour le département : 1 334 élevages, 2 640 éleveurs, 2 000 emplois directs pour la collecte, fabrication, logistique, commercialisation du produit réparti sur sept marques différentes. Dans ce contexte, ce sont 14 436 tonnes de Roquefort qui sont sorties des caves en 2023, pour un chiffre d’affaires… « difficile à évaluer », selon Sébastien Vignette, secrétaire général de la Confédération générale de Roquefort, qui l’estime toutefois « aux alentours de 350 M€ tous circuits et toutes marques confondues ».
Un succès à l’international
Si le Roquefort s’exporte de mieux en mieux –en direction de 120 pays- les taxes envisagées par Donald Trump aux USA sont un sujet « d’incertitude », dit-il : « sur un peu plus de 4 000 tonnes exportées, le marché Américain représente 356 tonnes, soit environ 9 %. Nous avons déjà traversé des bagarres économiques donc, pour l’heure, nous attendons des certitudes avant de déterminer une stratégie ». Sans langue de bois, il relève également que le marché français fléchit : « depuis 2022, nous perdons environ 3 à 4 % par an. Nous ne sommes pas les seuls : les Français mangent de moins en moins de fromages « en plateau », il nous faut donc innover, notamment en faisant découvrir d’autres façons d’apprécier le Roquefort ».
Le centenaire arrive à point nommé. Plusieurs fêtes et cérémonies ont déjà eu lieu, associant notamment la présence de chefs de cuisine étoilés ou très renommés. Ces toques ont été mobilisées pour la grande opération publique et gratuite « Roquefort en fête », qui se déroulera les 7 et 8 juin à Roquefort-sur-Soulzon, bien sûr : visites des caves, dégustations, concerts, feux d’artifice… et surtout des « ateliers » avec des cuisiniers appelés à présenter toutes les déclinaisons culinaires qu’ils ont imaginées pour faire aimer et redynamiser le marché de ce produit de légende.