La crise de la Covid-19 a ainsi été, est et restera marquée par une donnée que l’économie mondiale avait quasiment oubliée : la pénurie. Cette situation devrait persister pendant toute l’année 2022 tant la reprise est tonique et les besoins importants. Et les turbulences du trafic maritime -qui représente 90 % des échanges mondiaux- compliquent encore les approvisionnements. Début 2020, transporter un conteneur du port chinois de Shenzhen en France en coûtait environ 2 000 dollars. Aujourd’hui, il faut compter entre 12 000 et 15 000 dollars. À ce niveau, le prix du transport est supérieur à la valeur même de la cargaison. Et le système est en train de se gripper. Avec, pour les plus optimistes et si la situation durait plusieurs années d’après les observateurs, l’éventualité de voir des relocalisations significatives en Europe de l’Est et sur le pourtour du bassin méditerranéen…
Pourquoi ces éléments de contexte, qui peuvent apparaître éloignés de notre territoire ?
Parce qu’ils expliquent les principaux résultats du Baromètre trimestriel régional de conjoncture publié il y a quelques jours par l’OBSéco. 35 % des dirigeants déclarent dans ce baromètre avoir été contraints de réduire leur volume d’activité à cause des difficultés d’approvisionnement. À ces difficultés s’en ajoutent d’autres (hausse du prix des matières premières et des produits, hausse du prix de l’énergie, difficultés de recrutement…) qui expliquent que, malgré la prévision de croissance de 6,3 % de notre PIB en 2021 et de 4 % en 2022, les chefs d’entreprise demeurent prudents. 15 % d’entre eux pensent que leur activité sera impactée dans les six prochains mois par les difficultés d’approvisionnement et 11 % à plus long terme. Face à la nécessité pour les entreprises d’absorber la hausse des prix sur leurs marges afin de demeurer compétitives se pose la question de l’évolution de leur rentabilité. Un sujet qui croise celui de la trésorerie, alors que se profilent les premières échéances de remboursement des PGE et que, face à ces pénuries, certains dirigeants envisagent de refaire des stocks, qui augmentent le Besoin en Fonds de Roulement.
On le voit, l’exercice de prospective est plus complexe que jamais. Prenons néanmoins ce qui est à prendre : si les prévisions se vérifient, plus de 10 % de croissance en deux ans est un chiffre qui traduit un rebond très positif pour les entreprises. Des entreprises que, tous ensemble, nous accompagnons plus attentivement et activement que jamais.
Alain Di Crescenzo,
Président de la CCI Occitanie
Baromètre de conjoncture régional - 3ème trimestre - octobre 2021