Si la prise de conscience récente du fait que notre pays a besoin de retrouver une industrie forte, c’est parce que, derrière ce mot générique utilisé au singulier se cachent de nombreuses industries : le bois, le textile, la plasturgie, l’automobile… Au plus près de nos territoires, chacune d’entre elles a sa propre dynamique, avec bien sûr des situations très différentes selon son organisation de marché. Les chiffres de l’Acoss-Urssaf le démontrent.
Effectifs, un recul global contenu
Entre juin 2020 et juin 2021, l’industrie dans son ensemble a vu ses effectifs reculer de 211 300 à 209 500, soit une perte de 0,8 %. Le plus gros recul est, sans surprise, dans la métallurgie et plus précisément la filière transport, passée de 109 300 à 105 600 emplois, soit une contraction de 3,5 %. En détail, un zoom sur l’aéronautique révèle une perte d’effectif de 4 %. L’agroalimentaire tire son épingle du jeu avec une augmentation de 5,2 % de ses contingents et a vite retrouvé puis dépassé son niveau de 2019. À noter que ces deux secteurs représentent environ 3/4 des effectifs industriels d’Occitanie.
La question des approvisionnements
Autre branche sur une dynamique favorable, la plasturgie est en hausse de 1,5 % avec 13 400 salariés. Entre ces deux extrêmes, les filières du bois (9 700 personnes), de la chimie et de la pharmacie (9 800 personnes), du textile (4 800 personnes) sont relativement stables. « Le fait marquant est que la baisse de 3,4 % essentiellement liée à la métallurgie est presque compensée par la croissance de l’agroalimentaire et de la plasturgie » résume Bruno Bergoend. « Concernant l’activité, 50 % des entreprises ont des problèmes d’approvisionnement au premier rang desquelles celles de l’automobile, la chimie… Le sujet des hausses de prix de ces approvisionnements touche tous les secteurs avec une incidence majeure pour les secteurs qui ne peuvent pas répercuter ces hausses. Par-delà la hausse du prix des approvisionnements, la hausse du prix de l’électricité -qui ne fait que commencer semble-t-il- ou des assurances pèsent également. »
Vers des tensions de trésorerie« La hausse du prix des matières premières conduit les entreprises à faire des stocks, ce qui augmente leurs besoins en fonds de roulement (BFR) et, par suite, peut faire craindre des problèmes de trésorerie à l’horizon de mi-2022, date à laquelle on commencera à rembourser les PGE. Dans ce contexte, le Plan de relance de l’industrie présenté par le président de la République va dans le bon sens et aidera les entreprises industrielles dans les transitions qu’elles vont devoir gérer. Et à investir et innover. Dans l’industrie, il n’y a que deux pédales : l’innovation et les compétences. Il n’y a pas de pédale de frein ! » conclut-il.